Écrit par Stephanie Oswald, conseillère en santé personnel certifié et nutritionniste holistique enregistré (étude en cours) .
Au mois de décembre dernier, au lieu de passer Noël dans les excès des fêtes habituels, à s’échanger des cadeaux et à s’amuser en famille, j’ai décidé de vivre l’une des expériences les plus stimulantes et enrichissantes de ma vie. J’ai suivi un cours Vipassana de 10 jours au centre de méditation Dhamma Surabhi Vipassana à Merritt, en Colombie-Britannique.
Pour vous expliquer brièvement, Vipassana est une sorte de méditation dont l’objectif de base est de nous délivrer de la souffrance par l’observation des sensations que nous ressentons à travers notre corps. Pendant le cours, on respecte un « noble silence », dans lequel on ne doit ni parler, ni faire de geste, ni établir de contact visuel les uns avec les autres. Ce silence m’a permis de me recentrer sur moi-même et de concentrer mes efforts sur le travail intérieur que j’étais venue faire. Tout au long du cours, une grande attention est portée sur la pratique du Dhamma (la loi de la nature).
D’après ce que j’avais entendu dire au sujet de Vipassana, je savais que ce serait une expérience difficile mentalement et aussi physiquement. Difficile mentalement, car de vieilles blessures et des émotions refoulées peuvent refaire surface pendant que nous essayons de faire silence et d’aller au tréfonds de nous-mêmes. Difficile physiquement avec la sensation d’inconfort et même de douleur qui survient lorsqu’on reste assis, immobile, pendant près de 11 heures par jour. Mais j’ai réalisé que, grâce à cette pratique d’observation des sensations d’inconfort sans éprouver d’aversion, la douleur finissait vraiment par disparaître. Une très grande partie de la douleur que je ressentais dans mon corps tous les jours était intensifiée, voire même créée par mon esprit. Et en me libérant de cet attachement négatif à la sensation et à la souffrance qui y est associée, je ressentais un incroyable soulagement tant au niveau de la douleur que de l’inconfort.
On m’avait dit que les premiers jours allaient être les plus durs, mais que, si je persévérais, cela deviendrait plus facile et je récolterais de grands bénéfices. Eh bien pour moi, cela n’a pas été exactement le cas. Les 4 premiers jours n’étaient pas aussi éprouvants que ce à quoi je m’attendais. Je profitais du temps disponible, en silence, me libérant de mon téléphone et des médias sociaux, tout en profitant du calme et de l’opportunité de me reposer. Mais ce plaisir à profiter de la paix et du repos finit par s’arrêter, à ma grande surprise, à la fin du quatrième jour. Jusqu’alors, nous avions appliqué les techniques complètes du Vipassana (exploration du corps et observation des sensations sans former d’attachement ni par le désir ni par le dégoût). Le soir du jour 4, nous avions terminé la première méditation guidée par Vipassana. C’était incroyable, l’une des plus profondes méditations que j’aie jamais eues dans ma vie. Cependant cette nuit-là je n’ai pas pu dormir, je me sentais agitée, mais il n’y avait rien à faire, alors j’ai continué à méditer toute la nuit.
Le jour 5 a été, pour moi, le jour le plus dur de toute l’expérience. J’étais épuisée et remplie d’agitations, d’irritations et de frustrations. Une misère profondément enracinée en moi a commencé à émerger, me consumant du souvenir de relations ratées, de choix regrettables dans mon passé et d’un profond besoin d’amour. Je pensais avoir réglé une grande partie de ces choses qui avaient refait surface, les avoir digérées et m’être libérée de leur emprise. Mais elles étaient de nouveau là, déterrées des recoins les plus profonds de mon être, plus douloureuses que jamais. Les 4 jours suivants m’ont semblé les jours les plus longs et en même temps les plus courts de ma vie, alors que je continuais à me mettre à nue et poursuivais mon profond travail intérieur.
Le 9e jour, quelque chose en moi a commencé à changer et je me suis sentie libérée de l’agitation et de la frustration que j’avais éprouvées dernièrement. Ces jours troublés m’avaient obligée à compter les heures jusqu’au jour où je pourrai faire mes valises et repartir, mais à ce moment-là, ces sentiments se sont dissipés et mon cœur a commencé à se sentir plus léger. Mes pensées se sont échappées hors de l’espace profondément sombre et négatif dans lequel je me consumais, et mon esprit s’est éclairci. Le 10e jour, je me suis réveillée différente, beaucoup plus calme, plus consciente de moi-même et plus paisible. Nous avions fait une méditation de Metta ce matin-là, et c’était comme un baume apaisant sur les blessures sur lesquelles je travaillais les jours précédents. J’avais l’impression que des rayons d’amour et de compassion emplissaient mon corps et qu’une lumière douce et chaleureuse se déversait en moi.
Après la méditation de Metta, le vœu de noble silence a été levé et nous avons été autorisés à communiquer les uns avec les autres. C’était très étrange, moi, un papillon totalement social qui aime à converser, je pouvais à peine trouver mes mots au début et je devais être encouragée à la conversation. C’était ma voix qui était la plus surprenante. Elle semblait si bizarre, si étrangère. « Ce n’est pas ma voix » pensais-je, « je n’ai jamais entendu cette voix auparavant dans ma vie ». Lentement, nous avons commencé à nous ouvrir les uns aux autres, remplissant les couloirs que nous avions autrefois suivis silencieusement, de conversations animées et de bruits inhabituels. J’ai ressenti énormément d’amour et de gentillesse autour de moi, même si, je dois l’admettre, j’ai parfois été submergée par nos échanges après tous ces jours de silence.
À la fin de la retraite, je me suis sentie différente. Mon énergie était plus calme, je me sentais très solide et j’avais acquis une conscience accrue de moi-même. Mon partenaire le vit également. « Tu es différente », me dira-t-il plus tard, en remarquant que mon énergie avait gagné en maturité. Ces sentiments se sont maintenus au cours des deux derniers mois après que j’eus repris le cours de ma vie normale. Ce que j’avais traversé pendant cette période difficile m’a libéré d’une tristesse que je portais depuis très longtemps, une tristesse que je ne pensais même pas être en moi.
La méditation procure de grands bienfaits pour la santé, quel que soit le type de pratique. La diminution du stress, l’amélioration du sommeil et l’augmentation de l’estime de soi sont quelques avantages possibles d’une pratique régulière de la méditation. Je sais que la méditation aura toujours une place dans ma vie, et je sais que je retournerai suivre un autre cours de Vipassana de 10 jours, car je continue d’évoluer en tant que personne. Je ne suis pas complètement guérie de tous les blessures ou maux du passé, mais cette expérience m’a donné un outil précieux pour atténuer mes propres expériences de la souffrance et porter mon bagage émotionnel avec plus de légèreté.